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Les fresques des tertres funéraires (kofun) de Takamatsuzuka et Kitora (fin VIIe – début VIIIe siècle)

Les fresques des tertres Takamatsuzuka et Kitora remontent à la fin du VIIe voire au début du VIIIe siècle. Elles sont les rares représentations figurés dans des sépultures de cette période. Elles reprennent les codes que l’on retrouve sur le continent et notamment en Corée, voire en Chine.

Introduction :

Le tertre Takamatsuzuka se trouve dans le département de Nara, près de la ville d’Asuka, et fut fouillé dans les années 1970. Il s’agit d’un tertre circulaire munie d’une chambre sépulcrale en pierre dont le contenu avait été pillé pendant la période Kamakura (XIIIe siècle). Lors de sa mise au jour, la surprise fut cependant grande de découvrir que la chambre était ornée de fresques figuratives. Une première alors au Japon!

Après la fouille, à la fin des années 80, la population locale avertit les autorités qu’un type similaire de tertre existait non loin, il s’agissait du tertre Kitora. De plan similaire, celui-ci disposait lui aussi d’une chambre sépulcrale ornée de fresques.

L’exemple le plus proche de ce type de tertre et de fresques se retrouve dans l’ancien royaume de Goguryeo/Koguryo (actuelle Corée du Nord). La réalisation même de la tombe et les détails des fresques japonaises tendent tout de même à marque une certaine originalité.

Si les plan des deux tertres sont sensiblement similaires, les figures humaines ne sont présentes que dans le tertre Takamatsuzuka, et les restes de matériel archéologique ayant échappé au pillage (notamment quelques éléments en argent à Takamatsuzuka) tendent à indiquer que ce dernier était réservé à une personne de plus haute extraction (dans les deux cas elles faisaient tout de même parti des élites).

Matériel archéologique retrouvé dans le tertre Takamatsuzuka

Trois hypothèses subsistent alors quant à l’identité des défunts dans ces deux tertres : prince du sang, haut fonctionnaire parmi lesquels notamment ceux ayant participé à des expéditions diplomatiques sur le continent, ou encore membre d’une famille royale coréenne, le souverain du Japon ayant semble-t-il autorisé des membres de la famille royale coréenne de Baekje à s’installer dans l’archipel et à la cour, à la suite de la défaite de Hakusukinoe ayant entrainé la fin de ce royaume coréen, longtemps allié du Japon. Ce qui expliquerait d’ailleurs assez bien la copie de la pratique coréenne des fresques d’une part, et leur extrême rareté dans les sépultures japonaises d’autre part.

Carte illustrant les forces en présence à la bataille de Hakusukinoe (663), voyant la défaite des forces alliées du Yamato (Japon) et de Baekje face aux forces alliées de l’empire Tang (Chine) et du royaume de Silla

Le détail des fresques :

A Takamatsuzuka, Les fresques ont été peintes sur une base de chaux. Sur le mur Est, en entrant dans la tombe, on aperçoit d’abord un groupe de quatre hommes, puis la représentation du dragon azur de l’Est, avec le soleil au-dessus, et enfin un groupe de quatre femmes. Sur le mur Ouest, en miroir, on a donc groupe de quatre hommes, puis le tigre blanc de l’Ouest avec la lune au-dessus et un groupe de quatre femmes plus loin.

Sur le mur du fond, au nord, figure la tortue noire du Nord. A l’opposé, le mur sud devait présenter l’oiseau vermillon du Sud, mais la destruction du mur par les pilleurs ne permit pas de le vérifier. Au plafond était figurée une version simplifiée des constellations célestes.

A Kitora, les fresques aux quatre murs sont composés des 4 dieux (dragon azur de l’Est, tigre blanc de l’Ouest, oiseau vermillion du Sud et tortue noire du Nord), sous lesquels des personnages à tête animale du zodiaque chinois figuraient. Ils ont cependant été en grande partie effacés pour la plupart.

Les douze animaux du zodiaque chinois devaient à l’origine être représentés, à raison de trois par mur. Seuls six (au Nord : sanglier, rat et bœuf ; à l’Est : le tigre ; à l’Ouest, le chien; au Sud : le cheval) ont pu être distingués jusqu’à présent. Mais en 2021, le serpent a pu également être découvert avec des rayons X. Des éléments similaires en Corée nous permettent cependant d’imaginer à quoi ils pouvaient ressembler tous rassemblés.

Le plafond est par contre mieux orné qu’à Takamatsuzuka, et c’est une véritable carte astronomique qui est représentée, la plus ancienne conservée d’Asie! Les chercheurs supposent néanmoins qu’il devait exister des modèles sur le continent (Chine, Corée..)

A noter que les quatre animaux mythiques associés aux quatre points cardinaux viennent également du continent. Ils étaient associés aux éléments ou encore aux saisons. Leurs représentations apparaissent en astrologie, dans le Feng-Shui ou encore le taoïsme. Ils servirent également de points de repère astrologiques et géomantiques pour faire construire les capitales (il y eut pas moins de 17 changements de capitale dans l’antiquité japonaise, nécessitant à chaque fois de reconstruire notamment les bâtiments administratifs à neuf et les grands axes routiers orthonormés..).

Malgré les pillages, ces deux sépultures ont donné parmi les premières représentations figuratives en peinture que l’on connaisse au Japon. Elles constituent donc un vrai trésor patrimonial, témoignant des connections avec le continent, et qui est désormais bien mis en valeur.

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